Monokus

Sont regroupés ici mes monokus (haïkus expérimentaux d’un seul vers écrit sur une seule ligne), lents chuchotements de la vie.

2020

Monoku 1

 
calcification des silences et des matières à penser – étui à brumes

Monoku 2

 
avant même que le soleil s’assassine – la tristesse dans un tombeau

Monoku 3

 
le toit des étoiles flânant sur les masques à sens – encore un peu

Monoku 4

 
c’est là où les mots s’entremurmurent leurs soupirs – carnet de haïkus et de plus rien

Monoku 5

 
sûrement la dernière solitude du fleuve – sûrement la soif des s’en va

Monoku 6

 
les beaux esprits des dix mille là semés pour les dix mille raisons – la forêt

Monoku 7

 
quand la nuit se prescrit des contours sans chez-soi et des sauterelles sans visage

Monoku 8

 
accords drus à contempler dans un esprit sans placard – les cent un dires des vagues

Monoku 9

 
un par-là en grand ricochet sur cinquante-deux saisons qui s’impassent et s’enlacent

Monoku 10

 
des petits chemins se ouï-dire près de ma hutte – où chuchote le cosmos

 

2021

Monoku 11

 
soulevant le chant des bambous les nuages qui m’embaument – et de siester encore

Monoku 12

 
longtemps où se tremper les pieds – le soleil court déjà dans l’eau

Monoku 13

 
se taire – croire que la fleur de l’alcôve reviendra danser demain

 

2022

Monoku 14

 
comme une neige enfantant l’amertume – j’étudie le sable

Monoku 15

 
grenouilles et crépuscule – curiosités d’ombre et abri de la tiédeur battante

 

2023

Monoku 16

 
hibiscus ornés de vents – s’asseoir longtemps sans flatter les nuages