J’écris des haïkus. Errant sur les contours silencieux de l’étanchéité des beaux ennuis et des artéacts esseulés de la pensée sauvage. Je suis Le vagabond bleu.

© Depuis 2016 – Le vagabond bleu, un projet littéraire porté par Raphaël Beaupied

Monokus

Sont regroupés ici mes monokus (haïkus expérimentaux d’un seul vers écrit sur une seule ligne), lents chuchotements de la vie.

2020

Monoku 1

 
calcification des silences et des matières à penser – étui à brumes

Monoku 2

 
avant même que le soleil s’assassine – la tristesse dans un tombeau

Monoku 3

 
le toit des étoiles flânant sur les masques à sens – encore un peu

Monoku 4

 
c’est là où les mots s’entremurmurent leurs soupirs – carnet de haïkus et de plus rien

Monoku 5

 
sûrement la dernière solitude du fleuve – sûrement la soif des s’en va

Monoku 6

 
les beaux esprits des dix mille là semés pour les dix mille raisons – la forêt

Monoku 7

 
quand la nuit se prescrit des contours sans chez-soi et des sauterelles sans visage

Monoku 8

 
accords drus à contempler dans un esprit sans placard – les cent un dires des vagues

Monoku 9

 
un par-là en grand ricochet sur cinquante-deux saisons qui s’impassent et s’enlacent

Monoku 10

 
des petits chemins se ouï-dire près de ma hutte – où chuchote le cosmos

 

2021

Monoku 11

 
soulevant le chant des bambous les nuages qui m’embaument – et de siester encore

Monoku 12

 
longtemps où se tremper les pieds – le soleil court déjà dans l’eau

Monoku 13

 
se taire – croire que la fleur de l’alcôve reviendra danser demain

 

2022

Monoku 14

 
comme une neige enfantant l’amertume – j’étudie le sable

Monoku 15

 
grenouilles et crépuscule – curiosités d’ombre et abri de la tiédeur battante

 

2023

Monoku 16

 
hibiscus ornés de vents – s’asseoir longtemps sans flatter les nuages